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versations ; et surtout l’exécution de la règle qui voulait que les bons du comptant ne fussent plus employés à cacher les noms de ceux qui recevaient des faveurs pécuniaires, mais réservés seulement pour les affaires du roi. L’assemblée regardait avec raison l’usage des comptant comme le principe des plus grands désordres en finance.


1616-1620. — Il était facile de satisfaire à ces sollicitations par d’utiles réformes. Elles se réduisirent à la suspension de l’annuel ; mais il fut rétabli quelques années après, en imposant aux titulaires, qui devaient recueillir les avantages qu’assurait le paiement de ce droit, l’obligation de faire un prêt fixé au quinzième de la finance de leur office. Ceux qui avaient part au gouvernement de l’état ne voulaient que des ressources ; et bientôt les intrigues de la cour, l’expédition contre le Béarn, enfin la rébellion des calvinistes, en rendirent le besoin plus impérieux. On y pourvut par le trafic ordinaire des offices ; mais cette fois la spéculation fiscale sortit du cercle de l’administration publique pour s’exercer sur les professions de tous les degrés. Dans le royaume, et principalement à Paris, les quais, les ports, les chantiers, les halles, les foires, les marchés, se couvrirent d’une multitude d’officiers royaux héréditaires, qui n’étaient autres que des auneurs de drap ou de toile, des vendeurs de poisson, des mâçons, des charpentiers, des mesureurs de chaux, porteurs de sel, scieurs, mouleurs et coupeurs de bois, etc., etc. Ces titulaires, n’ayant pour gages et pour intérêt de leur finance que les taxes inventées en même temps que leurs titres, devenaient autant de tyrans exac-