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reine-mère à une espèce de réparation dont les ministres parurent satisfaits. Les remontrances non seulement subsistèrent sur les registres, mais on les répandit par la voie de l’impression; et le peuple connut tous les vices que conservait administration.


1616.— Les grands seigneurs, toujours mécontents de n’être pas assez favorisés, et de n’avoir point de part dans les affaires de l’état, se soulevèrent une seconde fois. Il fallut de nouveaux fonds. On se les procura par les moyens précédemment usités : augmentation de plusieurs branches d’impôts et des droits sur les rivières, « pour le soulagement du peuple ; » avances de fonds chèrement achetées aux traitants; création de charges de judicature, et enfin retour aux offices triennaux dans toutes les places de finance. Cette dernière mesure, que Sully n’avait adoptée que dans un moment d’extrême danger pour l’état, devint cette fois l’occasion d'un scandale public inconnu jusque alors. Précédemment, à la vérité, pendant les troubles qui signalèrent la fin du règne de Henri III, on avait vu les financiers protester contre une délibération des derniers états de Blois, qui demandaient leur suppression; mais il n’appartenait qu’à un gouvernement faible, à des ministres flétris par la corruption, d'enseigner aux agents du fisc qu’il pouvait leur être profitable d’opposer une résistance ouverte à l’exécution des ordres de l’autorité royale, dont ils n'étaient que les instruments.

La multitude des nobles hommes trésoriers généraux, receveurs généraux, contrôleurs généraux, payeurs généraux, tant dans la maison du roi que dans les provinces, et jusqu’aux receleurs des tailles et du taillon,