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sion, ni des adjudicataires des fermes, ni des princes étrangers; que toute gratification de mille livres accordée par le roi fût enregistrée à la chambre des comptes, et qu'on fît une recherche sévère des maltôtiers ; afin d’appliquer à la décharge des peuples les restitutions qu’il était juste d’obtenir[1].

Ces propositions ne firent qu’irriter les auteurs des désordres qu’elles dévoilaient. Le chancelier avança, dans une réponse improvisée, « qu’on ne pouvait ni ne devait se plaindre de la régence, qui avait été si heureuse, que jamais les historiens n’en avaient remarqué de si favorable, pendant laquelle la France avait joui abondamment de toutes sortes de biens. » Le président Jeannin se trouva inculpé par les remontrances, attendu qu’il « avoit innocemment manié les finances du roi : » il déclara que le parlement avait été mal informé de leur situation et de l’emploi du trésor laissé par Henri IV; mais que son devoir l’obligeait de reconnaître qu’il était urgent de retrancher les dépenses et les autres charges créées depuis le règne des ce prince. Le lendemain, un arrêt du conseil prononça que le parlement avait outrepassé ses pouvoirs et l’objet de son institution, qui était de rendre la justice; qu’il lui était défendu d’intervenir désormais dans les affaires d’état, et que les remontrances seraient biffées des registres. Le parlement n'obéit pas; mais craignant de devenir, par une résistance ouverte, l'instrument des princes qui se préparaient de nouveau à la révolte, les magistrats, prudents cette fois, se soumirent envers la

  1. Arrêt du parlement du 28 mars 1615 et remontrances du 22 mai suivant.