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quables par la force et la liberté qui y règnent, elle porta au pied du trône le tableau de la misère des contribuables. Dévoilant les turpitudes commises dans toutes les parties du gouvernement, et principalement dans les finances; au moment même où les états assemblés en signalaient les désordres, elle dénonça au jeune roi les remises énormes accordées pour de l’argent aux fermiers des aides, des gabelles et des cinq grosses fermes; le rétablissement, au profit de particuliers, des droits onéreux dont les édits ou commissions n’avaient pas été vérifiés; l'abus des pensions et des autres faveurs pécuniaires accordées à des gens sans mérite; celui des bons du comptant, portés chaque année à deux millions; et le vice des prétendues avances faites par les traitants et les financiers, à des intérêts de quinze, dix-huit et jusqu’à vingt pour cent. Opposant ensuite à l’administration nouvelle celle du règne précédent, le parlement rappelait la dissipation du trésor formé par Henri IV; la diminution du revenu malgré l’accumulation des impôts, et la progression alarmante que les dépenses prenaient depuis cinq années, nonobstant l'interruption des subsides aux alliés, et des travaux publics auxquels le dernier roi employait plusieurs millions. Expliquant ensuite les causes de toutes les malversations, le parlement offrit au roi de lui en fournir la preuve et d’en nommer les auteurs; puis, insistant sur la nécessité de retrancher les dépenses inutiles, afin de pourvoir aux besoins de l’état, il termina en demandant qu’aucun édit ni commission ne fût exécuté à l’avenir sans vérification des cours souveraines et enregistrement préalable; qu’ile fût fait défense aux membres du conseil de recevoir aucuns don, présent ou pen-