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cice de huit emplois de finance. Le bénéfice de l’opération devait résulter de ce que laisserait disponible après remboursement, le produit des gages et autres attributions pécuniaires, ainsi que celui des taxes accessoires sur le sel qui avaient été distraites du dernier bail, et dont l'abandon serait fait pendant les douze années aux entrepreneurs. Ils offraient de fournir un cautionnement de douze millions de livres[1].

Les résultats de cette grande, opération devaient être immenses. Après douze années, la couronne se trouverait remise en possession de l'une de ses plus importantes prérogatives, celle de nommer aux emplois publics, dont elle était dépouille depuis un siècle; le trésor ou les contribuables pourraient profiter de tout ce qui, dans les attributions pécuniaires, ne serait pas absorbé par les traitements des nouveaux fonctionnaires; les terres exemptes de tailles en, vertu des immunités dont jouissaient les officiers seraient de nouveau soumises à l’impôt; et, dans l’ordre judiciaire, les magistrats, devenus plus respectables aux yeux des plaideurs lorsque la justice serait gratuite, n'auraient plus à attendre de la fixation arbitraire des vacations et des épices le paiement de leurs sentences. Enfin, pour emprunter les expressions que l’un des écrivains de l’époque adressait au roi, « vos sujets cesseroient d’être accablés d’un nombre innombrable d'officiers, qui vivent à ses dépens et les rendent ímpuissants de payer vos tailles et contributions[2]. »

  1. Mercure françois, années 1614 et 1615.
  2. Traite de l’annuel et de la vénalité des offices, par Savaron, lieutenant-général de Clermont en Auvergne, 1614.