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nuel de plus de neuf millions de dépense, survenu depuis quatre années, avait été couverte par des moyens extraordinaires, qui n’étaient pas à charge à la nation,mais au nombre desquels était un emprunt, et par deux millions cinq cent mille livres pris sur cinq millions trouvés à la Bastille. Cet exposé infidèle de l’administration desfinances se terminait par une prières aux états » d’aviser aux moyens de pourvoir à l’insuffisance des revenus annuels, de rembourser l’emprunt, et de rétablir les fonds enlevés du dépôt de la Bastille, « attendu, ajoutait-on, qu’il est intéressant de réserver à cette ressource en entier pour des occasions urgentes, et d’éviter par là une surcharge au peuple. »

Ces états-généraux, les derniers dont on aura occasion de parler, se ressentirent des passions qui divisaient les grands et la cour. Le clergé, la noblesse, éloignés du tiers-état par des prétentions qui n’étaient fondées que sur les préjugés du temps et sur le motif plus réel de la diversité des intérêts, n’avaient pas alors assez de lumières ou assez de désintéressement pour réclamer, de concert avec le troisième ordre, la réforme des abus de l’administration et des vices du système d’imposition dont eux seuls profitaient aux dépens du corps politique.

L’intention exprimée par les chambres de vérifier l’exposé qui leur avait été fait de la situation des finances donna lieu aux premiers débats intéressants.

Un tableau sommaire des recettes et des dépenses du trésor avait été remis par le chancelier au président de chacun des trois ordres, avec recommandation d’en donner lecture à sa chambre, et de rendre ensuite cette pièce, sans qu’il en fût pris d’extrait. Le clergé et la