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1612. — Tant que l’épargne put fournir à l’exigence des grands, à la cupidité de Concini et au faste de la maison royale, la nation fut ménagée. La cour seule était agitée par des brigues qui ne troublaient point la tranquillité publique ; mais, après l’épuisement du trésor, on voulut tirer du peuple les ressources qui manquaient. Une quarantaine des édits supprimés au commencement de la régence furent rétablis sans vérification. Concini profita des droits ou des emplois inutiles qu’ils faisaient revivre, et l’on imposa aux gens aisés l’obligation d’acheter les charges nouvelles, qui ne se vendaient pas assez vite au gré de la cour. De leur côté, les seigneurs du plus haut rang spéculaient avec les traitants sur l’augmentation sourde d’un droit, d’un péage, sur la vente des lettres de noblesse, sur l’adjudication d’une fourniture ; et, quand ces marchés étaient arrêtés, les intéressés appuyaient les projets auprès des membres du conseil, qui approuvaient tout. Ce fut ainsi, notamment, que la taille reçut une augmentation ; quels le recouvrement de cet impôt foncier fut mis en ferme dans plusieurs provinces, et que les droits sur les boissons subirent une élévation de quatre sous par muid. Les habitants des campagnes se virent de nouveau livrés à toutes les conséquences de l’arbitraire et de dé la cupidité, nonobstant les tentatives faites par les cours souveraines pour arrêter des concussions qui se commettaient ouvertement, et dont un exemple pourra donner l’idée. « La cour des aides avait fait des recherches contre certains officiers d’élection qui avaient étendu, de leur autorité privée, à huit deniers pour livre leurs droits d’attribution de trois deniers. Le nombre des coupables était grand : pour se soustraire