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infinité de gens dont la confusion dans les comptes devoit assurer la fortune ; l’économie de sa distribution ne s’accordoit point avec l’humeur prodigue et fastueuse de la reine, avec l’avidité de Concini et de sa femme, ni avec les prétentions des princes et des grands seigneurs, résolus de tirer partie d’une administration aussi foible. »


1611. — Les pensions, qui montaient à deux millions à la mort de Henri IV, avaient été triplées en peu de mois : les princes, les ducs et pairs, les grands officiers de la couronne, participaient aux largesses ; « et n’y eut seigneur à la cour qui ne s’en ressentit. » Sully témoigna son mécontentement de l’abus de ces faveurs qui devaient retomber à la charge des peuples. Peu après, fidèle à la mémoire de Henri-le-Grand, il refusa de signer et d’autoriser1e, paiement d’un bon du comptant qui avait pour objet apparent de couvrir le trésorier de l’épargne d’une somme de neuf, cent mille livres qu’on prétendait avoir été remise à Henri IV. Plutôt que de se prêter à cette manœuvre, qui associait le roi dont il avait été l’ami aux désordres de la régence, Sully remit sa démission de la surintendance. La cour saisit avec empressement cette occasion d’éloigner un témoin dont la probité sévère lui était importune. La charge de surintendant fut supprimée, et Sully remplacé par un conseil composé d’hommes dociles aux volontés du favori, et qui ne s’occupèrent des finances que dans l’intérêt de leur propre fortune[1].

  1. Mémoire du marquis d’Effiat à l’assemblée des notables, en 1626.