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bourse de ses sujets. » Le cœur de ce monarque lui avait enseigné que le système d’économie le plus avantageux aux prince set aux peuples est celui qui rend la nation dépositaire des ressources de l’état, en ne percevant jamais pendant la paix que la somme réclamée par des nécessités réelles, parce qu’en cas de guerre, l’industrie, l’agriculture et le commerce contribuent aux besoins extraordinaires, avec le produit des capitaux que le gouvernement a laissés fructifier entre leurs mains.

Les premiers moments de la régence n’eurent rien que de satisfaisant pour le peuple sous le rapport des impôts. Afin de se concilier son affection, en paraissant veiller à ses intérêts, la cour accorda une remise de trois millions sur les tailles; elle fit en même temps prononcer la suppression de quarante-cinq édits bursaux, non enregistrés, que l’importunité des grands seigneurs et des courtisans avait arrachés à Henri IV. Mais, pour arriver à ce nombre, on eut la faiblesse d’y comprendre seize de ces édits, dont le roi lui-même avait fait justice plusieurs années auparavant.

Le droit sur les sels éprouvait en même temps une diminution d’un quart; et cependant le bail de la ferme était renouvelé au même prix que précédemment. Ce résultat, tout entier à l’avantage de la population des pays de gabelle, était dû aux travaux diune commission que Henri IV avait créée pour rechercher les ecclésiastiques et les nobles « qui prétendoient, à l’abri de leurs ponts-levis, pouvoir se dispenser de la loi commune au reste de là nation. »

Cette opération fut une des dernières de Sully; « l’ordre de son administration blessoit l’impatience d’une