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n’était pas nouvelle pour l’état. Devenue cette fois la juste récompense du dévouement à la légitimité, elle aurait du s’éteindre avec ceux qui l’avaient nécessitée. Perpétuée au contraire sous le règne suivant et plus tard, elle devint un moyen trop ordinaire d’abuser de la fortune publique.


11610. — Ainsi, le crédit était rétabli ; il avait été pourvu à tout ce que pouvait réclamer la sûreté de l’état, la prospérité publique, l’équité et la dignité du souverain ; et le roi avait à sa disposition une réserve de quarante-deux millions, dont vingt-trois millions en espèces, suivant des écrivains, et quatorze millions seulement, d’après d’autres documents, étaient déposés à la Bastille[1] : le reste consistait en créances sur le clergé, sur les financiers et sur les receveurs généraux. Le désir de thésauriser n’avait pas été le motif d’une telle accumulation de richesses. Ce résultat remarquable d’une administration de douze années était destiné à subvenir aux premiers frais d’une guerre qui avait pour objet l’abaissement des ennemis de la France. La sagesse et le mystère qui présidèrent aux préparatifs de cette grande entreprise, l’économie et l’intégrité qui en avaient réuni les moyens, semblaient présager un glorieux succès, et au royaume un long cours de prospérité, lorsque le bras d’un fanatique priva la France d’un roi auquel les meilleurs princes ambitionnent d’être comparés.

  1. Économies royales, t. 14. — Remontrances du parlement du 22 mai 1615. — Forbonnais, année 1610.