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toffes d’or et de soie, qui ont occupé si utilement depuis une nombreuse population. Sully, éloigné par l’austérité de ses mœurs de tout ce qui servait au luxe et aux plaisirs, voulait ne favoriser que la fabrication des étoffes et des draps ordinaires à l’usage du peuple, sans encourager des établissements qui ne produisaient, selon lui, que de superbes babioles. Le roi vit mieux que son ministre, en reconnaissant qu’il était nécessaire de procurer à la France des objets que réclamait le goût de ses habitants, afin qu’elle cessât de les acheter chèrement au dehors[1].


1605. — La France ne tarda pas à ressentir les effets du gouvernement paternel de Henri et de l’administration sage de son ministre. L’agriculture, protégée, devint florissante ; l’aisance reparut dans les campagnes ; la bourgeoisie s’enrichit ; et le commerce maritime, encouragé, étendit ses spéculations jusqu’aux Indes. Par l’effet d’une surveillance constante que Sully entretenait dans les provinces pour assurer l’exécution des règlements, l’arbitraire de la répartition s’exerçait moins librement à l’égard des tailles ; les abus de la perception étaient réduits, et les concussions arrêtées. Les dégrèvements résultant d’une réduction de cinq millions sur l’impôt et de la taxe incommode du sou pour livre se trouvaient couverts en grande partie par une meilleure régie des droits d’aides, des traites, des gabelles ; par les droits aliénés dont l’état s’était remis en possession ; par les revenus des domaines recouvrés ; par

  1. Mémoires sur les impositions, par Moreau de Beaumont, t. 4. p. 625. — Forbonnais, t. 1 et 4.