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Au commencement de son règne, Henri IV avait reconnu, comme principe constitutif du gouvernement, que « l’enregistrement du parlement étoit nécessaire pour la validité des édits[1]. » C’était contracter l’engagement d’observer une formalité qui, dans l’absence d’un droit public légalement établi, donnait du moins aux peuples une sorte de garantie contre les actes arbitraires des ministres; et, dans ce principe, le parlement trouvait en quelque sorte l’autorisation d’opposer au moins des remontrances aux demandes qui lui paraîtraient immodérées. Sully, de son côté, s’efforçait d’entretenir le monarque dans les intentions qu’il avait annoncées, en puisant dans l’histoire des impôts les exemples les plus capables de faire impression sur son esprit. Dans un mémoire historique, il rappelait au roi que, dès l’origine de la monarchie, les levées de deniers, lors même qu’elles étaient nécessitées par les besoins de l'état, n’avaient eu lieu que du consentement des peuples : il retraçait les soulèvements, les troubles causés par les princes, qui, les premiers, avaient violé un droit établi par une ancienne possession, droit que plusieurs rois de la troisième race avaient publiquement reconnu, que Saint-Louis avait respecté, et qui ne s’était affaibli, par interruption, qu’à l’époque où les dissensions et l’ambition des seigneurs avaient livré la France à l’Angleterre, sur la fin du règne malheureux de Charles VI. Henri IV donna même un exemple remarquable à des remontrances du parlement qui lui parurent dictées par des vues d’intérêt pour l’état et pour les peuples. Un règlement avait été

  1. Remontrances de la chambre des comptes à Louis XV.