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passage de la Loire. C’est ainsi que prit naissance le péage de Vienne, si préjudiciable dans la suite au commerce du midi, sous le nom de douane de Valence. Il avait été créé pour fournir à un gouverneur de Vienne vingt mille écus pour prix de sa soumission à Henri IV, et il devait s’éteindre après l’acquittement de cette somme ; mais cette dernière condition ne fut pas observée. Toutes les marchandises des provinces circonvoisines et des pays étrangers, venant de Lyon, ou dirigées sur cette ville soit par terre soit par eau, furent tenues de passer à Vienne ou à Sainte-Colombe, et d’acquitter un droit réglé sur un tarif divisé seulement en vingt classes. Enfin, d’après l’interprétation donnée aux ordonnances par les fermiers de la douane de Lyon, ils obtinrent que les denrées de la Provence, du Languedoc et du Dauphiné, lorsqu’elles étaient destinées pour l’étranger, seraient assujetties à passer par Lyon pour y payer les droits dus à la douane dont jouissait cette ville privilégiée. Ces droits, qui, réunis, montaient à sept et demi pour cent, furent cependant réduits à deux et demi pour les marchandises envoyées en Espagne. « À l’égard des autres pays, remarque l’auteur des Considérations sur les finances, ou bien on pensa que leur argent n’étoit pas si utile à gagner, ou, par une de ces inconséquences dont on ne peut ou rendre raison, on ne comprit pas que l’exportation en souffriroit. »

Indépendamment de ces taxes onéreuses et incommodes, il en fut imposé d’autres non moins nuisibles, qui n’eurent pas même, comme celles dont nous venons de parler, le faible avantage d’être perçues au profit des villes et de l’état.