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aux roturiers, dans le système féodal, d’acquérir et de posséder des terres du fisc. A différentes époques de la monarchie, on l’avait porté à trois années du revenu des biens qui se trouvaient entre les mains des non nobles : François Ier le fixa et le fit acquitter à raison d’une année pour vingt années de jouissance ; et ce fut sur le même pied que Henri IV en ordonna le recouvrement. On ne s’aperçut pas que ce droit atténuait pour la noblesse la valeur des biens qu’elle devait vendre; car les plébéiens, qui voulaient en devenir propriétaires, n’omettaient pas de faire entrer dans le calcul du prix d’acquisition les charges dont le fief allait être grevé entre leurs mains.

Le commerce intérieur, cette seconde source de la prospérité des états, ne trouva pas sous le gouvernement de Henri IV une protection aussi constante ni aussi générale que l’agriculture. Quoique ce prince dût être éclairé sur les dommages immenses que la multiplicité des douanes et des péages intérieurs causait aux relations des différentes provinces entre elles, ainsi qu’au transit et aux exportations de la France et de l’étranger, ce funeste système prévalut sur les réclamations générales et sur les observations de l’expérience. Le roi maintint des droits dont l'établissement, dans les premières années de son règne, avait été du moins justifié par la nécessité des circonstances. c’est ainsi que fut perpétuée la nouvelle imposition d’Anjou, établie d’abord sur les vins pour subvenir aux dépenses du siège de La Rochelle et de celui de Craon, et qui, au lieu de cesser avec la guerre, comme il avait été promis, fut étendue à une infinité d’autres marchandises, et ajoutée à perpétuité aux autres droits déjà perçus au