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de recette ou de dépense. A cette mesure indispensable, et sans laquelle l'ordre ne peut exister dans l’administration des finances, il ne manqua que l’application des écritures en parties doubles, déjà usitées dans le commerce. Si Sully eût adopté cette méthode, dont sa fermeté et sa surveillance pouvaient établir l’usage, il eût avancé de deux siècles le moment où, par elle, l’exactitude et la fidélité des descriptions ont été fixées dans la comptabilité des dépositaires de la fortune publique[1].

Il arrivait que des employés sortaient de place en conservant une partie des deniers dont le recouvrement leur avait été confié. Pour arrêter ces détournements, on imposa aux nouveaux titulaires l’obligation de poursuivre la reddition des comptes de leurs prédécesseurs; et le paiement de leurs appointements et remises était suspendu jusqu’à la rentrée des reliquats.

On soumit les receveurs-généraux à rendre pour leurs opérations des comptes uniformes, détaillés avec clarté, à l’appui desquels devaient être jointes les piè-

  1. La proposition d'appliquer à la comptabilité publique les écritures en parties doubles fut faite à Sully, en 1607, dans un ouvrage composé exprès par Simon Stevin, de Bruges. En 1807, un ministre, administrateur habile autant que juste appréciateur du mérite des procédés de comptabilité, adopte ce système d’écritures pour la description des opérations du trésor et de ses préposés : le premier effet de cette heureuse innovation fut de mettre in grand jour des déficit nombreux et considérables que le mode de comptabilité précédemment suivi permettait de dissimuler; et chaque jour démontre les avantages de cette méthode, tant pour l'état que pour les comptables aux-mêmes.