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furent presque doublés. Le bail concernant cette dernière partie réunit pour la première fois dans les mêmes mains l’approvisionnement des greniers à sel au recouvrement du droit : il était alors de trois cent quatre-vingt dix-sept livres douze sous par muid; ce qui portait le prix bursal de la denrée à un son sept deniers par livre. Mais dans cette somme trois cent livres seulement étaient perçues pour le compte du trésor. L’excédant avait pour objet les gages des cours de judicature, des paiements à faire au duc de Guise, l’extinction de l’emprunt fait pour le siège d’Amiens, et le remboursement d’offices que Sully se promettait de supprimer.


1604. - Les traitants et les financiers, qui avaient échappé aux premières poursuites ordonnées contre eux par un sacrifice de trois millions six cent mille livres, continuaient d’être l’objet de l’animadversion et de l’envie, à cause de leurs grandes fortunes. Deux fois encore leurs opérations furent examinées par une commission instituée sous le nom de chambre de justice. Sully, « que l’on ne peut accuser d’avoir favorisé les financiers, » ne s’y prêta que malgré lui, et s’opposa même à ces recherches. Connaissant la corruption que les règnes précédents avaient répandue, il prévoyait que la recherche proposée ne serait qu’une occasion de trafic honteux entre ceux qui auraient besoin de protection et ceux qui en auraient à rendre. C’est pourquoi, et afin d’éviter cette espèce de transaction honteuse pour un gouvernement, qui doit ou ignorer les délits, ou les punir s’il les connaît, le ministre demandait que, sans rechercher la gestion des employés se-