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les denrées à des visites répétées, et qu’elle exigeait une armée de commis dont les vexations irritaient les consommateurs. Des symptômes de sédition s’étaient manifestée à l'occasion de la pancarte dans les provinces au-delà de la Loire. Des villes et leurs magistrats avaient pris les armes, et des commis avaient été tués. Henri IV se rendit à Blois, puis à Poitiers, où se trouvèrent des députés de la Guyenne. Là il écoute les plaintes des peuples : par de douces remontrances, il calma la sédition sans qu’il fût besoin de châtiment, et fit rétablir la pancarte. Mais ce ne fut que pour l’honneur de l’autorité royale : ce prince, instruit des inconvénients dont le sou pour livre était la cause, en prononça l’abolition. Son produit fut couvert en partie par un droit sur les vins et les autres boissons, à l’entrée des bourgs francs de tailles ou abonnés[1].


1601.- Vers le même temps Sully commença l’exécution du projet qu’il avait formé de réduire d’année en année les tailles, qu’il regardait avec raison comme un impôt violent et vicieux dans sa nature, principalement dans les lieux où il ne portait pas uniquement sur les biens-fonds. Le ministre fit rembourser et supprimer encore une très grande quantité d’offices dans la magistrature et les finances, notamment ceux des comptables triennaux, dont lui-même avait provoqué l’établissement à l’époque de la surprise d’Amiens : ce qui prouve que, si cet homme sage avait pu, dans un moment de détresse, faire une ressource de la vente des

  1. Mémoires sur les impositions, par Moreau de Beaumont, t. 3, p. 289 à 292.- Forbonnais, t. 1.