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1599.- Un nouveau voyage dans les provinces avait convaincu Sully que les terres restaient en friche parce que les cultivateurs ruinés ne pouvaient faire les avances qu’exige la culture; cependant ils étaient poursuivis et dépouillés sans pitié pour le paiement des arrérages dus sur les tailles de plusieurs années, qui s’élevaient à vingt millions. Le roi fit remise entière de cette somme, « plus désireux, disait-il, d’acquérir le nom de père du peuple, lui faisant du bien, que de laisser quelque souvenance à la postérité d’autre titre plus spécieux[1]. »

L’assiette de cet impôt sur les paroisses et la répartition, entre les taillables étaient de nouveau livrées à l’arbitraire, soit par l’effet de la négligence ou de la partialité des officiers d’élection et des asséeurs, ou des trésoriers de France et des commissaires départis, soit parce que les seigneurs exerçaient une influence usurpée sur ces opérations, auxquelles ils faisaient procéder en leur présence et même dans leurs châteaux. Beaucoup de roturiers qui avaient porté les armes pendant les guerres civiles s'arrogeaient les titres et les prérogatives de la noblesse que l'on n’osait leur refuser, et augmentaient ainsi les nombre des exemptions qui retombaient à la charge des autres taillables. Un règlement mit fin à ces désordres; et Henri IV, exauçant les vœux exprimés tant de fois, mais toujours en vain, dans les assemblées d'états-généraux, fit défense de saisir sous aucun prétexte le bétail des agriculteurs, ni les instruments de labourage. Enfin, une discipline exacte et sévère garantit l’habitant des campagnes de

  1. Economies royales, p. 397, t. 3.