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alors des obstacles qui s’étaient opposés à l’accomplissement ses projets, put se livrer avec toute l’ardeur du zèle qui l'animait à l’exécution du plan qu’il avait formé pour le bonheur des peuples, et pour libérer l’état des engagements que la mauvaise administration des règnes précédents, et les désordres inséparables des guerres civiles, airaient légués à Henri IV.

Les dettes s exigibles approchaient de cent quarante-sept millions, en y comprenant trente-deux millions accordés par des traités secrets aux princes, aux seigneurs aux commandants qui vendirent à Henri IV leur soumission et la remise des places, ou forteresses dont ils s'étaient rendus maîtres. Les rentes assignées sur les différentes branches de revenus formaient, avec l'aliénation du domaine, un capital de cent cinquante-sept millions. Il existait en outre pour trois millions quatre cent mille livres de rentes créées sur la ville de Paris, au temps François Ier, de Henri II et de ses trois fils, ce qui représentait au denier douze, taux de leur constitution, un capital de quarante et un millions. La dette de France formait donc une masse de trois cent quarante-cinq millions.

Ce n’était pas assez pour Sully de connaître la somme des engagements auxquels l’état devait satisfaire, il voulut aussi se rendre compte du montant des tributs en tout genre que supportait la population du royaume. Ses recherches le conduisirent à connaître que, pour trente millions d’impôts qui étaient levés au nom du roi, la nation payait annuellement plus de cent soixante-dix millions; et dans cette somme, qui réunissait à tous les impôts exigés par forme de perception l’évaluation des frais de justice, des dîmes