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dations qui durent être commises lors de l'aliénation des offices créés sous les règnes précédents. Un traitant, nommé Robin, offrit à madame de Sully un diamant de six mille écus pour son mari, et un de deux mille écus pour elle, afin d’obtenir que Sully ne s’opposât pas à l'adjudication que le conseil voulait lui faire des nouveaux offices de la généralité de Tours et d“Orléans, moyennant soixante-douze mille écus. Éconduit de ce côté, mais mieux accueilli par deux dames de la cour qui l'appuyèrent auprès du chancelier, le traitant avait obtenu du conseil un arrêt favorable. Sur ces entrefaites, Sully retirait quatre-vingt mille écus par la vente en détail de la simple moitié des offices que demandait Robin. Sans se mettre en peine de l'arrêt du conseil, Sully ne dissimula pas qu’il en connaissait les motifs : l'arrêt fut annulé, et des supplications obtinrent que le roi ne serait pas instruit de cette collusion[1].


1598. - Enfin, Amiens fut repris, la Bretagne réduite, et la paix rendue à la France par le traité de Vervins.


1599.- Peu àprès, Sully reçut, en récompense des services rendus dans sa nouvelle carrière, la place de surintendant des finances, que le roi rétablit en sa faveur. Ce prince judicieux avait reconnu l'inconvénient d’un conseil composé de personnes qui « n’étoilent jamais d’accord quand il s’agissoit du bien public, mais qui étoient toujours d'intelligence quand il s’agissait soit d’impôts et de voler. » Le ministre, affranchi

  1. Économies royales, chap. 12 du t. 3. — Forbonnais, t. 1.