Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

italiens; et déjà sa vigilance et sa fermeté dégageaient la comptabilité publique des fictions et de la confusion si favorables aux financiers, lorsque la surprise d’Amiens miens par les Espagnols vint retarder encore la libération de l’état. La sûreté du royaume voulait que l’ennemi fût promptement chassé de cette place importante mais l’urgente nécessité laissait à peine le choix des moyens à employer pour se procurer sans retard les fonds qu’exigeait cette entreprise inattendue. Le roi, de concert avec des députés de l’assemblée de Rouen qui se trouvaient à Paris, s’arrêta aux mesures suivantes[1] :

Un emprunt volontaire de douze cent mille livres, qui fut rempli en peu de jours; par l’effet de la confiance qu’inspiraient l’économie et les réformes déjà introduites dans l’administration des finances;

Une addition de quinze sous par minot aux droits sur les sels, dont le produit devait servir au remboursement de l’emprunt;

Une recherche de la fortune des financiers, sans en excepter les trésoriers de France; mais les comptables détournèrent l’examen qui devait mettre leurs malversations au grand jour, par une première restitution de douze cent mille écus, qu’ils déguisèrent sous le nom de prêt;

Et aussi la création d’offices triennaux dans les finances, dont la vente, faite sous la surveillance de Sully, produisit douze cent mille écus.

Cette dernière opération mit de nouveau en évidence la corruption et la cupidité des membres du conseil, par une circonstance qui peut donner une idée des dilapi-

  1. Économies royales, chap. 7 et 11 du t. 3.- Forbonnais.