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revenus, le ministre composa les quinze millions affectés aux dépenses que devait acquitter la couronne des impôts d’un recouvrement assuré, facile, et dont le produit était susceptible de doubler ou de tripler, par le seul moyen d’une meilleure régie. De ce nombre étaient les gabelles, les anciennes aides, les traites, les droits de navigation. Dans l’autre moitié, au contraire, dont la disposition était laissée au conseil de raison, Sully fit entrer une partie des tailles, et le nouveau droit du sou pour livre, dont les produits devaient souffrir des lenteurs et des difficultés dans la rentrée, en même temps que de fortes non-valeurs.

Après ce partage, les membres du conseil de raison furent livrés à leur inexpérience. Divisés d'opinions, embarrassés sur le choix des moyens d’exécution, privés des avis que le ministre leur refusait avec intention; reconnaissant enfin, après quelques mois, et l’étendue de l’obligation qu’ils avaient prise, et leur impuissance, ils supplièrent le roi de les en délivrer. La couronne rentra ainsi sans efforts et sans trouble dans toutes ses prérogatives; mais, par la faute de ses représentants, la nation fut privée du droit de délibération qu’elle pouvait obtenir[1].


1597. - Sully cependant trouvait dans la réforme des abus une partie des fonds que réclamait la continuation de la guerre. Il avait augmenté les revenus de deux millions par le renouvellement des baux de quelques parties de droits qui étaient affermés à vil prix au duc de Florence, sous le nom de plusieurs traitants

  1. Économies royales, t. 3, chap. 7 et 10.