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quoi il leur bailloit la disposition absolue, et combien que sa barbe grise, sa longue expérience, ses grands travaux, et tant de périls qu’il avait courus pour sauver l'estat, méritassent bien d'être exceptez des règles générales; que néanmoins ne vouloit-il pas laisser de s’y soumettre comme les autres, tenant pour une des plus infaillibles marques de la décadence des royaumes et principautez lorsque les rois vont méprisant les lois, croient de s’en pouvoir dispenser, et veulent distribuer leurs faveurs, honneurs, charges, dignitez et offices, avec autres égards et considérations que l’intégrité, intelligence, vaillance, noblesse et loyauté d’un chacun, selon la diversité des applications, opérations et fonctions nécessaires : à quoi aussi étoit-il bien résolu de ne manquer afin de leur servir de modèle et d’exemplaire pour les rendre tant plus soigneux et diligents à s’acquitter de leur devoir, lequel il leur recommandoit au nom de Dieu[1]. » Ce discours, dans lequel se peignent avec une énergique simplicité l'âme et le cœur de Henri, fut suivi de l’ordre de soumettre aux députés tous les mémoires, états et instructions qu’ils demanderaient, « afin qu’ils ne pussent pas former des excuses de bien faire. »

Jamais en effet états-généraux n’eurent plus de latitude pour faire le bien; et jamais circonstance plus favorable ne s’était offerte pour fixer un droit public en matière d’impôt. Nul doute que, si l’assemblée, dont la convocation avait pour principal objet le rétablisse-

  1. Économies royales de Sully, t. 3, chap.6.