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utile, les trésoriers et le contrôleur général d’Incarville déclarèrent qu’il ne leur restait pas la somme qui leur était demandée. Sully prétendit qu’elle devait exister. L’altercation dura trois jours ; enfin, après vérification des livres, et comparaison faite des enregistrements avec les bordereaux que produisit alors Sully, il fut reconnu qu’il avait été fait omission en recette de quatre-vingt-dix mille écus. D’Incarville s’en excusa sur la négligence supposée d’un commis. « Bien ! bien ! dit le roi, c’est assez ; il n’en faut plus parler : nous avons tous raison, puisque mes quatre-vingt-dix mille écus sont recouvrés. Mais, une autre fois, que contrôleurs et commis soient plus soigneux et diligents, car je ne veut plus que l’on m’en joue de telles.... Cela m’apprend de qui je dois me fier ou défier. »


1596. — Les réformes que nécessitaient les abus dévoilés par Sully ne pouvaient s’opérer que lentement et à l’aide de la paix ; mais les hostilités qui continuaient avec les Espagnols, et en Bretagne avec les ligueurs, exigeaient avant tout des ressources extraordinaires. Henri IV voulut les obtenir du consentement de la nation. « Je me suis résolu, écrivait-il à Sully, de reconnaître si les nécessitez qui m’accablent proviennent de le malice, mauvais ménage ou ignorance de ceux que j’emploie, ou bien de la diminution de mes revenus ou pauvreté de mon peuple ; et, pour cet effet, convoquer les trois ordres de mon royaume pour en avoir avis et secours. » Dans cette intention le roi convoque à Rouen les états-généraux. Dans la crainte que les nobles ne prétendissent faire un corps séparé, auquel ils ne voudraient pas admettre les offi-