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gabelles, seulement, vingt personnes s'étaient partagé neuf millions sept cent mille livres[1].

La première opération de Sully fut de se rendre auprès des receveurs généraux de quatre généralités. Une semblable mission fut confiée en même temps, sur d'autres points, à différents commissaires. Mais lui seul obtint de la sienne des résultats importants; malgré les obstacles de tous genres que lui suscitèrent les membres du conseil, les intendants des provinces, les trésoriers de France, et tous les. officiers intéressés à faire échouer son entreprise, il connut les abus qui se commettaient dans le recouvrement et dans l'emploi des deniers, découvrit les ruses dont se servaient les comptables pour détourner les revenus à leur profit; et, combinant dès lors les moyens de restitution et de contrôle, il se convainquit de la possibilité d'introduire plus de régularité dans les opérations, et plus de clarté dans leurs descriptions. Enfin, ce qui fut pour le moment un secours bien précieux, Sully fit restituer et ramener à Henri IV une somme de dix-huit cent mille livres que quatre receveurs généraux avaient détournée pour eux-mêmes ou pour leurs associés à la cour. Un autre fruit de ce voyage fut de donner au roi une preuve évidente de l’infidélité des personnes qui l'entouraient.

Les fonds recueillis dans les quatre généralités avaient été versés aux trésoriers de l’épargne; mais Sully conserva la preuve de la somme remise, dans les bordereaux signés des receveurs généraux, et il dit à ces comptables qu’il avait déchiré ces pièces. Peu de temps après, le roi ayant besoin de fonds pour une entreprise

  1. Économies royales, t. 8.