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    Voici, quant aux impositions, le résumé des notions que renferme cet ouvrage :
    Dix-sept années du règne de Louis XII.— Impositions ordinaires et extraordinaires levées tant pour les besoins de l’état que pour les dépenses locales, montant des annales et autres droits payés à la cour de Rome : en totalité, quatre cent dix-sept millions cinq cent mille livres, ou, année commune, vingt-quatre millions cinq cent soixante mille livres,

    ………. 24, 560, 000 liv.


    Trente-deux années des règnes de Henri II, François II, Charles IX et Henri III. — Impositions ordinaires et extraordinaires, travail des monnaies, amendes, confiscations, aliénations ou engagements des domaines et revenus de la couronne, et vente des biens ecclésiastiques ; finance des officiers de judicature et autres ; droits levés pour la cour de Rome, etc., etc., mais non compris les capitaux de rentes constituées : quatre milliards cinq cent quarante millions sept cent mille livres, ou, terme moyen par année, cent quarante un millions neuf cent mille livres, ci
    ……… 141, 900, 000 liv.


    Il résulterait de ce rapprochement que, depuis la fin du règne de Louis XII jusqu’en 1580, c’est-à-dire dans une période de soixante quinze ans, les tributs publics avaient plus que quintuplé ; et dans l’évaluation qui précède n’est pas compris le montant des épices et autres taxes occasionnées par la vénalité des charges de judicature, et par l’augmentation du nombre des juges, des juridictions et des offices de tous genres.
    Une cour de parlement, qui du temps de Louis XII était composée d’un président et de douze conseillers, comptait cinquante membres sous Henri III. « Les magistrats et autres officiers royaux, dit Fromenteau, ont marché de si bon pied en l’exercice de justice durant le temps du bon roy Loys douzième, que pour journée et vacation Il n’ont exigé des parties plus haut que quinze et vingt sols par jour, et six, huict, dix, vingt et vingt-cinq sols d’espice, encore falloit-il que le procès fust bien d’importance. Appert, par une infinité de déclarations et taxes, que le magistrat aujourd’hui, pour journée et vacation, prend deux et trois escus, qui valent neuf livres, et qu’il a accoutumé de taxer cinq, six, huict, dix, vingt et vingt-cinq escus d’espaces, et le plus souvent beaucoup plus grande somme. »