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sécution et la misère excitèrent des plaintes menaçantes. Elles obtinrent tout à coup la suppression de soixante édits bursaux, et l'enregistrement d’un autre édit portant promesse de renoncer à l’usage des bons du comptant. Cette satisfaction tardive ne calma pas une irritation que partageaient la noblesse, épuisée par le ban et l'arrière-ban, et le clergé, objet de spoliations et de rigueurs telles, que des curés se voyaient réduits à abandonner leur presbytère. Des villes, des provinces, se soulevèrent; et tout concourt à prouver que l’excès des impôts, la violence de exaction, et la connaissance des déprédations du revenu public, favorisèrent puissamment les projets des chefs de la ligue, en disposant les esprits à la révolte contre le gouvernement légitime[1].


1588- 1589.- Enfin les troubles du royaume et la situation désespérée des finances conduisirent à une seconde convocation des états-généraux dans la ville de Blois, réunion devenue célèbre par l’assassinat du duc de Guise et de son frère le cardinal de Lorraine. L'assemblée avait été composée sous l’influence de ces deux princes. Non seulement elle n'accorda rien au roi; mais, reproduisant les demandes faites précédemment, elle insista principalement dans ses cahiers sur la suppression de tous les offices inutiles de finance et de justice, sur l'abolition de la vénalité, sur la diminution des impôts et la réduction des tailles au taux où elles étaient

  1. Edit. du 14 nov. 1584.- Œuvres de Pasquier, t. 2, p. 338 et 379, A ; 339, B. — Le Secret des finances, prem. partie.- Économies royales de Sully, t. 8, p. 421.