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Cette formalité fournit l'occasion d'une nouvelle taxe, moins injuste que beaucoup d'autres. On l'établit d'abord sous le titre de droit de serment; mais elle se perpétua sous la dénomination de marc d'or, parce que, dans l'origine, elle était fixée à un marc ou à quelques onces d’or, suivant l’importance des faveurs ou des offices qui en étaient l’objet.


1584.- Chaque jour Henri III employait son autorité pour obtenir de l'argent; et, lorsque le parlement refusait l'enregistrement des édits, le monarque les faisait recevoir par force dans les lits de justice « suivant la mauvaise coutume qui commençoit à s'introduire. » On en compta vingt-six enregistrés dans une même séance. Ils en étaient aussitôt livrés aux partisans italiens, « qui avançoient la moitié ou tiers des deniers pour avoir le tout. » Par l'effet de ces désordres, une somme de trente-deux millions à laquelle s'élevaient les impôts perçus au nom du roi, dont environ dix-huit millions de taille; il arrivait à peine huit ou dix millions dans l'épargne; et ces fonds n'étaient que trop souvent employés à soudoyer les mercenaires étrangers qui dévastaient la France dans l'un ou dans l'autre parti, ou à soutenir le luxe de la cour, dont l'éclat contrastait avec l'exécution rigoureuse des lois somptuaires que Henri III lui-même avait portées. La patience des peuples et les sources de toutes richesses étaient épuisées par des profusions que la nation alimentait depuis tant d’années. La per-