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avènement un maître juré de chaque métier dans les principales villes du royaume, on créait et l’on vendait des lettres de maîtrise, sans que les titulaires fussent tenus de justifier de l'apprentissage et des autres épreuves que les règlements exigeaient des récipiendaires admis par les communautés[1].

Par une application anticipée du principe qui établissait le chef de l’état maître absolu de la fortune et de l’industrie de ses sujets, il avait été défendu de tenir hôtellerie, taverne ou cabaret, sans des lettres ou permissions du prince, qui ne s’obtenaient qu’en payant. Cette licence, à laquelle se virent bientôt assujettis les marchands de vin en gros et tous ceux qui faisaient le commerce de boissons, fut convertie dans la suite en un droit payable chaque année, que l’on désigna sous le nom d’annuel des marchands. Le maintien de l’ordre, l’exercice de la police, allégués dans le préambule des édits portant création de ces impôts n'en étaient que le prétexte. Les taxes levées au profit du fisc décelaient le véritable motif des assujettissements et des gènes dont l’industrie et le commerce devaient souffrir pendant plusieurs siècles[2].

Tout particulier qui obtenait du gouvernement une grâce, une faveur, une commission ou une charge, était tenu, avant l’expédition de son brevet ou avant son installation, de prêter serment de fidélité au

  1. Le Secret des finances, par Fromenteau, prem. partie.- Ordon. du Louvre, t. 15, p. 8. - Edits de 1581 et de 1583.- Considérations sur les finances, par Forbonnais.
  2. Edits de mars 1577 et déclaration de décembre 1581. - Œuvres de Pasquier, t. 2, p. 110, B,