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vaient librement disposer, et la France comme une source intarissable de richesses. En conséquence de ces funestes doctrines, les denrées, les matières premières aliments du commerce et de l’industrie, les inventions utiles, les emplois superflus ou imaginaires, les titres de noblesse, les privilèges, les immunités d’impôts, l’engagement ou la vente des domaines, l'aliénation des revenus, le retranchement annuel du cinquième, du quart ou du tiers des gages de tous les offices, les emprunts volontaires ou forcés, qui avaient fourni le sujet constant des édits royaux, sous les deux premiers fils de Henri II, le devinrent davantage encore vers la fin du règne de Henri III.


1581.- Demi années après la publication de l’ordonnance de Blois, qui avait promis la suppression des confréries d'arts et métiers, de leur monopoles et de leurs banquets ruineux, un édit proclama que « la permission de travailler étoit un droit royal et domanial. », En conséquence de ce principe digne du temps de Philippe-le-Bel, on assujettit les marchands, artisans et gens de métiers; à se fermer en corporations, maîtrises et jurandes. On prescrivit des formalités pour l’admission des maîtres ; et chaque aspirant dut, pour être reçu, acquitter une somme, que partageaient le fisc, les jurés et les communautés. Mais, pour offrir aux artisans et marchands une compensation de cette nouvelle taxe, on leur accordait la permission de limiter leur nombre et d’exercer ainsi le monopole du commerce et de l'industrie. Le fisc tirait un autre avantage de ce nouvel abus : usant incessamment de l’ancienne prérogative que possédaient les rois de créer à leur