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la restitution faite à son prédécesseur, le fermier devait payer chaque année cinq cent mille écus, dont soixante-sept mille à la ville de Paris et à deux provinces, pour arrérages de rentes tant échus qu’à échoir, et l'excédant à l'épargne. Le fermier se réservait la faculté d’avoir des sous-traitants de son marché. Plusieurs de ces conditions pouvaient avoir été dictées par l’intention de paraître déférer aux vœux manifestés dans la dernière assemblée, mais elles ne s’exécutèrent pas en ce qui concerne le rachat des rentes; et trois années après, un nouveau fermier obtint un autre bail, toujours à la charge de rembourser les sommes dues ainsi que l’indemnité accordée à son prédécesseur, et de faire de fortes avances au trésor[1].

Vainement les états-généraux cherchaient, durant les rares moments de leur existence, à opposer une digue au torrent des impôts, à l'élévation de le dette, au trafic des emplois et aux dilapidations : cet obstacle cet obstacle disparaissait avec la durée des assemblées, ou bien les dispositions des plus sages règlements étaient anéanties par la corruption. Tel fut le sort de l'ordonnance de Blois. Le souvenir des plaintes, le tableau même de la misère des peuples, victimes à la fois des rapines des soldats de tous les partis et des concussions qui se commettaient impunément sous un gouvernement faible et prodigue, étaient promptement effacés au sein des plaisirs, par la suggestion des ministres corrompus. Abusant de leur crédit sur l’esprit de rois sans expérience, ils leur présentaient les propriétés et l’industrie de leurs sujets comme des biens dont ils pou-

  1. (1) Bail du 21 mai 1582 et bail du 14 octobre 1585.