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D’abord l’assemblée reproduisit les plaintes contre les dilapidations des finances, la vénalité des offices et l’excès des tailles; elle y ajouta la demande que les domaines, les aides et les gabelles fussent mis en ferme, et que le recouvrement de ces branches de revenus; ainsi que les soins de répartir et de faire recouvrer les tailles, fussent confiés aux assemblées provinciales, comme cela se pratiquait dans les pays d'états. Le troisième ordre insiste pour que l’on adoptât comme loi du royaume l’usage de convoquer dans la suite tous les deux ans l'assemblée des états-généraux. Ses députés et ceux de la noblesse, s'opposant à l’élévation des taxes sur le sel; les boissons et les autres consommations opinèrent vivement pour faire supporter au clergé le remboursement des rentes. Cet ordre était devenu un objet d’envie pour les deux autres, en raison des domaines considérables qu’il possédait, et du produit des dîmes, dont on évaluait le revenu de vingt-cinq à trente millions[1]. Le clergé reconnut qu’un sacrifice était inévitable pour prévenir l'aliénation forcée d’une partie de ses biens. Il consentit donc[2] à verser annuellement au trésor, pendant six années, une somme de seize cent mille livres, payable par moitié, de six mois en six mois, et qui devait être uniquement employée au rachat et remboursement des rentes affectées sur les revenus publics, dont le capital était évalué à neuf millions. En second lieu, le clergé devait, à l’expiration des

  1. Le Secret des finances, par Fromenteau, livre I, et Preuves, p. 412.
  2. Contrat de Poissy, du 23 oct. 1561 ; et Contrat de Paris, du 22 oct. 1567.