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prix du domaine, des aides, des tailles et des gabelles; par les bénéfices énormes que faisiaent les traitsnts à qui les droits étaient affermés, et par l’affectation d’une partie des revenus au paiement des charges. On désignait ainsi les rentes et les gages qui s’acquittaient par prélèvement sur le produit brut des impôts; car, du moment où le gouvernement s’était réduit à la condition d’emprunteur, il avait dû offrir à ses créanciers un gage de sa fidélité à servir la rente du capital prêté.

Il n’est pas inutile de s’arrêter à ces funestes résultats d’une administration dont les opérations n’étaient soumises à aucun contrôle.

Les successeurs de Charles VII avaient trouvé l’autorité royale soutenue par des troupes réglées indépendantes du caprice des grands vassaux, et dont ils disposaient à leur volonté. Les conseillers de la couronne oublièrent que cette force militaire n’avait été créée et n’était entretenue au moyen d’impôts rendus permanents, qu’à l’effet de protéger le territoire, d’assurer le maintien de l’ordre intérieur, et de pourvoir à la défense des droits légitimes du trône. Ils persuadèrent aisément à des rois animés par l’amour de le gloire qu’ils pouvaient se livrer à des entreprises contre les puissances étrangères, pour satisfaire des intérêts personnels. De là ces longues et funestes guerres d’Italie, qui eurent pour premier motif la conquête du royaume de Naples, entreprise fondée sur des droits que n’avait pu établir ce même duc d’Anjou que l’ambition avait porté à se rendre le spoliateur des trésors amassés par Charles V; de là cette lutte sanglante commencée per François Ier et Charles-Quint, prolongée sous leurs fils, et dont l’origine fut dans les prétentions que le premier de ces