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somme qu’ils votaient ne suffisait pas aux besoins, le roi pouvait les rassembler, et qu’ils fourniraient un nouveau secours[1].

Le mode de recouvrement des deux millions d’écus accordés au nom du tiers-état fut aussi simple que la délibération avait été prompte. On divisa cette somme entre les hôtels-de-ville du royaume, en chargeant leurs officiers d’en faire la répartition à titre d’emprunt, suivant les facultés connues de chacun. Cette forme devint même profitable au fisc; car, les possesseurs de charges et d’offices d’où résultait l’immunité des impôts ayant invoqué leurs privilèges; le conseil vendit chèrement des exemptions dont les riches profitèrent; les moins aisés furent seuls taxés : de sorte que l’emprunt prétendu porta, mais inégalement, sur toutes les fortunes du troisième ordre.


1559.- Enfin, un traité conclu au Cateau-Cambrésis rendit là paix au royaume, qui s’agrandit des pays de Metz, Toul et Verdun. Trois mois après, une mort funeste frappa Henri II. Ce prince laissait une dette exigible de dix-sept millions, et cinq cent quarante-trois mille livres de rentes constituées sur les villes, y compris l’intérêt des emprunts hypothéqués sur les revenus. Jamais jusque alors les impôts n’avaient été si multipliés, si onéreux ni aussi variés. Cependant la somme disponible pour l’épargne n’était que de douze millions, c’est-à-dire, inférieure de quatre millions au montant des tailles sous François Ier. Cet affaiblissement du revenu public explique par l’aliénation à vil

  1. Mézerai, Anquetil, etc.