Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

onéreux encore. Au fardeau des taxes exigées par le fisc, des droits ecclésiastiques et seignauriaux, aux malheurs inséparables d’une guerre dont la France était le théâtre, se joignit la cherté des vivres, devenus rares à la suite d’une année de sécheresse. De tous côtés s’élevaient les murmures et les plaintes des peuples, réduits à la misère, tandis qu’une cour indifférente se livrait aux plaisirs et aux fêtes. Cependant la perte de la bataille de Saint-Quentin et la prise de cette ville par l’armée de Philippe II commandèrent de nouveaux efforts. Il fallait de l’argent ; on ne pouvait espérer d’en obtenir que du consentement de la nation. Convoquer la réunion des états-généraux n’était pas sans danger après une administration aussi prodigue de la fortune publique : on se borna à former une assemblée de notables, qui n’eut des états-généraux que le nom, et dura seulement huit jours. Les membres du parlement se trouvaient en grand nombre à cette réunion ; ils obtinrent du roi de former un quatrième ordre sous le nom d’état de la justice, qui eut rang immédiatement après la noblesse, et avant le tiers-état. Sur ces entrefaites, la ville de Calais fut reprise sur les Anglais, qui la possédaient depuis deux cents ans. La satisfaction que causa cette conquête dispose la nation à de nouveaux sacrifices. Le roi ayant insinué à l’assemblée qu’il avait besoin de trois millions d’écus d’or au moins, la noblesse, les magistrats, offrirent leurs biens et leur vie ; le clergé, plus positif dans ses offres, s’engagea à payer un million d’ecus à titre de pur don et non compris les décimes ; les deux millions restants devinrent le partage du tiers-état. Ceux qui avaient été désignés pour représenter cet ordre annoncèrent que, si la