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guant que les subterfuges et les fautes qui se commettaient dans le maniement des deniers publics seraient plus facilement connus, parce que les comptables alternatifs, pouvant suivre la rentrée des termes arriérés de l’impôt, n’auraient plus de prétexte pour différer la formation et la remise de leurs comptes, et devraient en solder le reliquat avant de rentrer leu exercice. Un tel aveu décelait l’impuissance de l'administration et l’inutilité des contrôleurs qu’elle avait établis récemment; mais il couvrait le motif réel qui dirigeait les membres du conseil, les favoris et la maîtresse tous également avides, celui d’obtenir de l'argent par tous les moyens qui s’offraient à l’imagination des traitants. Ce but fut rempli; mais les nouveaux comptables ne se montrèrent ni plus exacts ni plus fidèles que, les anciens. Leur création, indépendamment de ce qu’elle grevait l’état d’un fort accroissement de dépenses, avait des inconvénients beaucoup plus graves sous le rapport du recouvrement. Elle condamnait le retardataire à supporter les frais des doubles poursuites que devaient faire diriger simultanément deux receveurs, l'un afin d’obtenir le paiement des termes arriérés, l'autre pour assurer la rentrée des impositions courantes; ou, s’ils étaient dans l’impuissance de se libérer immédiatement, les taillables avaient à satisfaire doublement aux rançons que les sergents tiraient d’eux pour leur accorder quelque délai. Ces considérations furent inaperçues par le gouvernement[1].

On a vu que les généraux des aides avaient été in-

  1. Préambule de l’édit de septembre 1552.— Edits d’octobre 1553, d’avril 1557 et de septembre 1559.