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eaux et forêts : on en établit un composé de treize offices à prix fixe dans le ressort de chacun des parlements. Des offices de gardes, gruyers, arpenteurs, furent aussi créés en nombre illimité. En même temps, et sous prétexte d’extension donnée à des magistratures déjà existantes, on éleva la finance des anciens pourvus, et il leur fut enjoint, à peine de confiscation, de lever, sous deux mois, de nouvelles provisions, qui ne devaient être expédiées qu’après le paiement du supplément exigé. A ce supplément était attachée une augmentation de gages. Henri II porta ceux des membres du parlement à huit cents livres par an, « avec défense de ne toucher delà en avant espices des parties : ce qui fut l’une des plus grandes mutations et traverses que receut jamais cette cour. » Mais la défense fut mal observée, et dans tous les tribunaux les épices s'élevèrent en proportion du prix des charges[1].

Une invention non moins funeste fut celle du doublement de tous les comptables de la maison du roi, de la guerre et des finances, par la création, dans chaque emploi, de deux officiers alternatif, dont l’un gérait pendant les années paires et l’autre pendant les années impaires. On crut justifier cette innovation en allé-

  1. Dans un lit de justice tenu à Rouen par Charles IX, le chancelier adressa ce reproche aux membres de l’ordre judiciaire qui étaient présents : « Anciennement en France les juges ne prenaient rien des parties pour faict de justice, si n’est ce qu’on appeloit espices, qui sont depuis converties, par une vilaine métamorphose, en or et, argent. Actuellement, en beaucoup de lieux, elles sont doublées et triplées, et tellement que le juge ne faict plus rien sans argent. » (Recueil d’édits et ordon., par Fontanon, t. 2, p. 8.)