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compagnie, déclara qu’elle satisferait promptement à tous les ordres qui lui seraient adressés. « Et vous trouverez, sire, ajouta-t-il, vos très humbles et très obéissants sujets immuables et perpétuels. »

Aussitôt après le départ du roi parurent les édits portant création d’une multitude de charges, entre autres d’un président et de conseillers en la cour des monnaies, qui fut rendue souveraine pour le civil et pour le criminel; d'une seconde chambre des généraux des aides; de maîtres et d’auditeurs des comptes; d’offices d’huissiers, d’audienciers, de contrôleurs de la chancellerie; enfin l’institution, auprès de chaque bailliage, d'un tribunal, sous le nom de présidial, composé de neuf magistrats. Ils devaient prononcer, par appel et en dernier ressort, dans les jugements rendus dans les bailliages pour les causes qui n’excédaient pas deux cent cinquante livres en capital, ou vingt livres de rente[1].

Toutes ces charges devaient se vendre, et leur prix était destiné à remplir momentanément le trésor; mais comme plusieurs des créations, notamment celle des présidiaux, portaient atteinte à la juridiction des chambres du parlement, ceux qui s’étaient déclarés naguère les très obéissants, immuables et, perpétuels sujets, refusèrent d’abord l’enregistrement des édits. Ils insistèrent; on les menaça; et, rendus plus dociles, ils employèrent pour l’enregistrement la formule introduite sous le règne de François Ier.

Dans le même lit de justice le clergé s’était engagé à payer trois millions en six mois. La somme fut répar-

  1. Œuvres de Pasquier, t. 1, p. 69, A.