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Cette opération était, sans contredit, la plus funeste que pût conseiller à l’autorité royale l’impéritie des hommes qui administraient les finances. S’ils eussent réfléchi qu’en aliénant pour un capital modique un revenu aussi certain que celui qui repose sur la consommation du sel, ils dévoraient à l’avance la ressource des règnes futurs, peut-être eussent-ils hésité à vendre à huit grandes provinces l'affranchissement d’un droit dont la privation pour le fisc devait accroître les charges du reste de la nation. Mais ces considérations ne durent pas même se présenter à l’esprit de ministres dévoués voués aux caprices d’une maîtresse toute-puissante, et qui s’enrichissaient, aussi bien que les favoris, du désordre des finances.

Dans les pays qui restaient soumis à la gabelle, on commit encore la faute d’abandonner le mode, conservé par François Ier, de faire percevoir les droits par les officiers du roi, pour y substituer l’usage plus dispendieux dieux des intermédiaires connus- sous le nom de traitants. Chaque grenier à sel fut adjugé pour dix années à des fermiers particuliers; et l’on traita séparément du produit des droits et de l’approvisionnement à un prix déterminé. Depuis cette époque, le commerce du sel cessa d’être libre dans ces provinces ; et le prix de la