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régime, avec tous les abus et les vexations qu’il devait engendrer[1].

Malgré les divers expédients qu’il a fallu décrire, les opérations militaires languirent plusieurs fois par le manque de fonds. Car le luxe du monarque, de sa maîtresse, de ses favoris, dissipait en fêtes non moins coûteuses que l’entretien des armées une partie des ressources que la fiscalité enlevait à la population. François Ier avait puisé sans ménagement à toutes les sources financières que ses devanciers avaient connues, et il en avait ouvert de nouvelles dans les emprunts en rentes perpétuelles à gros intérêts, dans la vénalité et la multiplicité des offices, dans la création de gages et d’attributions pécuniaires qui accumulèrent les impôts sans utilité pour l’état, et dont la perception, abandonnée par la suite aux intéressés, livra le peuple à des concussions incalculables. A la création de nouveaux impôts, à l’élévation démesurée de ceux qui existaient avant ce règne, s'étaient réunies les décimes sur le clergé obtenues par suite d’un concordat avec Léon X, et des levées abondantes de décimes pour une croisade que le pape avait publiée contre le sultan Sélim, et qui n’eut pas lieu. A la suite de tant de sacrifices, la France épuisée vit ses provinces dévastées, sa capitale menacée par deux armées étrangères, que commandaient l’empereur et le roi d’Angleterre; et, après vingt-huit années de guerres, François Ier, pour obtenir l’éloignement de Charles-Quint (1544), déclara une seconde fois qu’il abandonnait toute prétention au royaume de Naples et au Milanais. Deux années plus tard (1546), il acheta la

  1. Ordon. du 13 février 1543.