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tement; et, sur quelques points du royaume, le droit en essence de sel se percevait encore à la fin du XVIIIe siècle.


1543.- Le salpêtre était devenu un objet d’approvisionnement indispensable aux gouvernements de l’Europe depuis que l’usage de la poudre à canon avait été adopté généralement. Déjà, du temps de François Ier, des particuliers se livraient à la formation de cette matière première, dont la consommation augmenta considérablement à cette époque, en raison des guerres continuelles et de l’emploi récent de la mine comme moyen d’attaque des places fortes. L’idée de développer ce genre d’industrie, en le favorisant, ne se présenta pas, et le monopole de la fabrication fut adopté comme le seul moyen de se procurer les quantités de salpêtre nécessaires. Un règlement défendit, « sous peine de la hart, » à tout marchand d’acheter le salpêtre au-dessus du prix fixé par le gouvernement. Une espèce de régie, composée de trois trésoriers en charge, et de trois cents ouvriers commissionnés, tous exempts d’impôts, eut le privilège de rechercher les matières salpêtrées, dans les maisons, caves, celliers, cavernes et rochers des particuliers. Ceux-ci étaient en outre tenus de se procurer et de fournir les cuves, cuviers, chaudières et autres ustensiles nécessaires à la fabrication, ainsi que les chevaux et harnais propres aux transports. Les salpêtriers devaient payer le tout « raisonnablement, hormis les terres, fumiers et autres matières salpêtrées, qu’il leur étoit permis de prendre et enlever franchement et quittement. » On retrouvera à la fin du dix-huitième siècle ce même