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livré à titre de vente, troque ou échange, dans tous les marais du royaume, à quelque personne que ce fût, sujets ou autres, sans exception, un droit uniforme de vingt-quatre livres tournois par muid, payable à l’enlèvement par le vendeur. Cette mesure, qui détruisait des privilèges achetés ou garantis par des traités, portait de plus une atteinte funeste à la pêche nationale et à l’exportation des sels, en confondant ces deux branches de commerce avec les consommations du royaume. Le règlement excita des plaintes d’abord, puis des troubles. Les habitants de l’Aunis, du Poitou, de la Saintonge, refusèrent de se soumettre au droit et se révoltèrent contre les percepteurs; La Rochelle, Bordeaux, et la plupart des villes qui bordent la Garonne et la Dordogne, suivirent cet exemple. La présence du roi, arrivant du Roussillon à la tête de son armée (1543), étouffa la révolte, qui se propageait d’une manière alarmante ; mais il fut obligé de modifier les mesures qu’il avait adoptées. Il affranchit du droit les sels destinés à l’exportation et aux salaisons de la pêche; la taxe pour ces deux destinations se réduisit là vingt sous par muid, payables l’enlèvement du marais par le propriétaire. Le droit de gabelle fut porté de nouveau à quarante-cinq livres; les greniers se rétablirent; et l’on en plaça même en Guyenne et dans les autres provinces où il n’en existait pas précédemment[1].

Les provinces de Languedoc, de Provence et de Dauphiné, se sont pas comprises dans l'ordonnance

  1. Recueil de Fontanon, it. 2, p. 1039. -Mézerai. - Boulainvilliers.- Anquetil.