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administrateurs ou receveurs qui se rendraient coupables de péculat. Ces dispositions rigoureuses, les règlements, les nouveaux contrôleurs, moyens plus que suffisants pour une administration ferme et vigilante, élevaient être impuissants sous un gouvernement dont les chefs donnaient l’exemple de l’imprévoyance et de la prodigalité. Mais la création de surveillants aussi inhabiles et non moins infidèles que les autres agents ne contribua pas peu à étendre et à perpétuer des abus que les édits de François Ierannonçaient l’intention de détruire.

On peut placer sous le règne de ce prince libéral l’origine des acquit de comptant, dénomination sous laquelle on désignait dès le XVIe siècle les sommes que le trésorier de l’épargne délivrait sur un simple bon revêtu de la signature du roi. La chambre des comptes, qui était appelée à recevoir la justification et à discuter la validité de tous les autres paiements effectués pour le monarque ou pour l’état, ne dut pas connaître de l’emploi des des sommes données aux rois, qui dans l’origine étaient destinées à leurs dépenses personnelles, et dont eux-mêmes alors déterminaient le montant ainsi qu’on l’a vu au temps de Charles VII. À la faveur de cette exception, la signature des rois, arrachée par la faveur ou l’importunité, servit trop fréquemment dans la suite à couvrir des dons qui furent d’autant plus recherchés que ceux qui les a obtenaient demeuraient inconnus. Ainsi s’établit l’un des usages les plus funestes aux finances, par l’abus qui en fut fait sous les règnes suivants[1].

  1. Le Guydon général des finances, p. 334, 235, 417.