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pandant de toutes parts, préparaient une révolution dans l’esprit humain. Louis XII fut témoin de ses premiers effets; il aida à ses progrès en favorisant de tout son pouvoir instruction, en utilisant les savants et les gens de lettres, et en faisant revivre l’étude des langues ancienne.

Les bienfaits de cette sage administration ne pouvaient être méconnus par une nation dont le premier bonheur est de pouvoir chérir ceux qui la gouvernent; et Louis XII eut l'occasion de recueillir l’expression sincère de la reconnaissance des peuples.

Par un traité particulier, conclu du vivant et sans le concours du dernier duc des Bretagne, père de la princesse Anne, les seigneurs et les états de la province avaient promis de reconnaître Charles VIII pour roi après la mort de leur duc, sous la condition expresse « qu’il ne seroit levé ni exigé aucunes tailles, fouages, impôts ni autres subsides, sans l’avis et délibération des états[1]. » Plus tard, par son contrat de mariage avec Charles VIII, l'héritière de Bretagne avait garanti la possession du duché à son mari, si elle mourait sans héritier; mais dans le cas où le roi décéderait le premier, la reine s’engageait à rester veuve, à moins qu’elle n’épousât son successeur à la couronne de France. La politique, d’accord avec l’attachement que Louis XII nourrissait depuis long-temps pour Anne de Bretagne, avait uni le roi à la princesse; mais cette fois l'affection du monarque plus que les raisons d’état dictèrent les clauses du contrat. Anne se réserva la jouissance et l’administration de son duché pendant

  1. Corps universel diplomatique, par Dumont, t. 3.