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« J’aime beaucoup mieux, répondit-il, faire rire les courtisans de mon avarice que faire pleurer le peuple de ma profusion. » La maxime favorite de ce prince était qu’un bon pasteur ne saurait trop engraisser son troupeau.

Sous son règne, la France prospéra : car, s’il fut marqué par de longues guerres, et même par des revers, l’Italie en fut le théâtre ; et le royaume jouit pendant dix-sept ans de tous les avantages de la paix intérieure. La population augmenta ; les villes s’agrandirent ; les habitations devinrent plus commodes ; des lieux incultes furent livrés à l’agriculture ; les expéditions maritimes trouvèrent protection dans des forces navales qui luttèrent avec avantage contre celles de l’Angleterre ; l’industrie, encouragée ; fit également des progrès. De cette émulation générale résultèrent le mouvement et l’activité, qui vivifient ; l’aisance, qui augmente la consommation, ajoute à la valeur des objets consommés, et élève le revenu de l’état sur les bases de la prospérité publique. D’après le témoignage d’un historien contemporain, le produit des péages, des gabelles, des aides et des autres taxes de même nature, surpassa de deux tiers celui du règne précédent, sans que la quotité des droits ait été augmentée[1].

Avant ce règne, les lettres, bannies de l’empire grec par les armes des musulmans, avaient commencé à renaître en Italie ; l’imprimerie était trouvée ; les Portugais étaient allés aux Indes en doublant le cap de Bonne-Espérance ; Colomb venait de découvrir l’Amérique ; de nouvelles idées naissaient ; les lumières, en se ré-

  1. Claude Seyssel, évêque de Marseille.