Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1494.- Tant de sacrifices, qu'une sage politique devait interdire, diminuaient, par la réduction du territoire, les ressources pécuniaires que nécessitaient les armements qui se faisaient en France et à Gênes. On eut recours, pour achever les préparatifs, à l'engagement des biens et des revenus domaniaux; et telle était cependant la pénurie du trésor au commencement d’une guerre lointaine, que l’entrée du roi en Italie fut marquée par des emprunts continuels qu'il fit en Savoie, à Milan et à Gênes, à un intérêt exorbitant, dont tout le profit n’était pas pour les prêteurs[1]. L'expédition fut d’abord favorisée par les dissension des princes italiens. Charles VIII, maître du royaume de Naples, se vit couronner dans cette ville; mais, forcé bientôt de la quitter pour s'ouvrir un chemin à travers l'Italie, liguée contre lui (1495), les troupes suisses et françaises qu’il avait laissées dans ses nouveaux états, privées des secours que le désordre des finances ne permit pas de leur faire parvenir, périrent pour la plupart de maladie, de misère et de faim, après avoir déployé une valeur digne d’un meilleur sort.

De retour en France, Charles VIII, sans renoncer entièrement à ses vues sur l’Italie, donna quelques soins à l’administration de son royaume au rétablissement des finances et au soulagement du peuple. Il annonçait l’intention de ramener les tailles à la somme accordée

  1. Philippe de Commines, qui accompagnait Charles VIII lors de son entrée en Italie, parle, entre autres emprunts, d’un prêt de cent mille francs fait par la banque de Gênes, et qui coûta, en quatre mois, quatorze mille francs, ce qui revient à quarante-deux pour cent par an; « mais, ajoute l’historien, aucuns disoyent que des nommez avaient part cest argent et au proffict. »