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bli sans le consentement des états. cette prétention devint la matière de fortes réclamations dans lesquelles on retrouve, avec le tableau des maux occasionés par les tailles, l’opinion la plus prononcée sur les droits de la nation à n’être imposée que de son consentement.

Fidèles au plan qu’ils avaient adopté de rapporter toutes leurs demandes à ce qui était du temps de Charles VII, sans jamais nommer son successeur; dont la mémoire leur était odieuse, les députés comparent le montant des tailles dans les différentes parties du royaume, à la fin de ces deux règnes : ils montrent la Normandie imposée d’abord à deux cent cinquante mille livres, payant vingt ans plus tard treize cent mille livres, y compris les accessoires de la taille, et quinze cent mille avec les gabelles et les autres droits; le Languedoc, de cinquante mille livres porté à plus de six cent mille; et, dans les autres parties de la France, telle paroisse, dont le contingent primitif était de soixante livres, taxée à mille. Ils représentent le laboureur, accablé sous l’excès des impôts, victime d’une répartition inique, des violences et des concussions des receveurs et des sergents à ses gages, abandonnant son champ, sa patrie, et, dans son désespoir, détruisant sa famille. Ailleurs, ceux qui avaient satisfait à leur dette personnelle envers l’état étaient ou emprisonnés pour payer celle d’un voisin, en raison de la solidarité, ou réduits à s’atteler pendant la nuit à la charrue, afin de soustraire eux et leurs chevaux à l’action des huissiers.

A la suite de cet affligeant tableau, les états demandent l’abolition du nom et de l’impôt des tailles et de ses équivalents; ils indiquent comme devant compen-