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Dans des cahiers rédigés en commun par les trois ordres, le clergé, d’accord avec le tiers-état, insista sur le dommage que portait au royaume la sortie de ces mulets chargés d’or qui transportaient à Rome le produit des décimes, des pensions apostoliques, indulgences, annates, élections et collations de bénéfices, dont le montant avait été évalué dans une remontrance du parlement à plus d’un million par année[1].

La noblesse demanda 1° d’être remise en jouissance du droit de chasse dans ses domaines; 2° que les rentes foncières, à l’intérêt de dix pour cent, qu’elle avait créées pour subvenir aux frais des dernières guerres, et qu’elle n’avait pu rembourser au terme convenu, fussent déclarées rachetables dans le délai de deux années, en payant seulement, avec le principal, les arrérages échus à l’époque premièrement fixée; 3° que la garde des places frontières fût confiée aux seigneurs français, et non à des étrangers.

Le tiers-état réclama protection contre la violence et les vexations des gens de guerre. Représentant tous les désordres qui s’étaient introduits dans l'administration de la justice et des finances par le choix d’hommes illettrés ou incapables, qui cumulaient des offices, en trafiquaient ou les donnaient à terme, il demandait que la nomination aux emplois publics se fît, comme précédemment, par le roi, sur une liste de trois candidats présentés par les cours, et qu’à moins de démission volontaire ou de forfaiture prouvée dans les formes

  1. Ordre des trois estatz tenus à Tours soubs le roy Charles VIII, durant sa minorité. Paris, 1614. - Œuvres de Pasquier, chap. 23. - Ordon. du Louvre, t. 15, p. 195 et suiv.