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Charles VII, d’une taille qui devait être perpétuelle, en raison de son affectation, vint fortifier cette prétention avantageuse à la royauté. Louis XI consolida l’ouvrage des rois qui l’avaient précédé, et prépara une plus grande facilité à ses successeurs, parce qu’il avait abattu dans la noblesse la seule puissance qui pût alors mettre des bornes aux nouvelles prérogatives du trône.

L’organisation en France d’une force militaire indépendante du caprice des seigneurs a donc été à la fois la cause et le moyen de la permanence des impôts, comme le développement de cette même force devint, dans la suite, le principal motif de leur accroissement rapide. Par ce même moyen aussi furent détruits les obstacles qui depuis long-temps privaient l’état d’un revenu annuel et certain, indispensable à la marche de tout gouvernement régulier. Mais, comme ce revenu avait été obtenu sans la reconnaissance d’un droit public et sans l’intervention des différentes classes qui auraient dû concourir à sa formation, dans ce régime d'impôts qui allait remplacer des ressources précaires toujours péniblement obtenues, les intérêts du plus grand nombre furent entièrement sacrifiés aux deux premiers ordres de l’état.

Le clergé payait à la vérité les tailles dues par les fonds qu’il possédait, mais il était exempt de la taille personnelle; et les dîmes qu’il levait lui assuraient, aux dépens de l’agriculture, un revenu toujours croissant.

La noblesse, conservant un privilège que semblait devoir éteindre l’existence des troupes réglées qui partageaient avec elle le soin de la défense du pays, fut exempte de tailles; et elle continua en même temps d’exiger du troisième ordre les droits à la mutation des