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à qui l’on connaissait la force et la volonté d’exiger, eurent un plein succès ; et la France se trouva, dès le règne de Louis XI, façonnée aux impôts perpétuels par l’habileté, qui en ouvre les sources, aidée de la puissance d’obtenir.

Ce n’est donc pas, comme le dit un historien, à la longue suite de guerres occasionnées par la rivalité de François Ier et de Charles-Quint qu’il faut descendre pour trouver l’origine et la cause des impôts permanents en France. On les verra, à la vérité, prendre un accroissement inquiétant pendant les événements remarquables de cette époque; mais déjà depuis long-temps ils avaient en France.une stabilité qui, si elle n’était pas consentie par les états-généraux, n’en était pas moins réelle[1].

Depuis que Charles VI, en effet, ou plutôt ceux qui gouvernaient en son nom, avaient, nonobstant l’opposition des peuples, rétabli par la force les droits sur le sel, sur les marchandises et sur les boissons, ces impôts n'éprouvèrent qu'une interruption momentanée. Les rois en ordonnèrent la continuation et même l’augmentation, sous la simple formalité de l’enregistrement dans la cour de parlement, conformément à ce qui se pratiquait pour les autres actes de l’autorité royale. Dès lors, des tributs qui, dans l’origine, n’a été qu’une aide ou subvention octroyée par l’assemblée des états-généraux de la nation, dans les besoins pressants, et toujours pour un temps limité, furent considérés par la couronne comme des droits résultant de la souveraineté. L’établissement, sous

  1. Robertson, Hist. de Charles-Quint.